12
Dolores Maria Santana.
Il était six heures moins le quart, ce matin de la Saint-Jean, quand Martinsson lut à haute voix le message d’Interpol qui identifiait la fille qui s’était suicidée par le feu.
— D’où vient-elle ? demanda Ann-Britt.
— De la République dominicaine, répondit Martinsson. C’est passé par Madrid.
Puis il jeta un regard perplexe dans la pièce. Ann-Britt Höglund était la seule à connaître la réponse.
— La République dominicaine est l’autre moitié de l’île où se trouve Haïti. Aux Antilles. Est-ce que l’île ne s’appelle pas Hispaniola ?
— Mais comment a-t-elle pu se retrouver ici ? dit Wallander. Dans le champ de colza de Salomonsson. Qui est-elle ? Que dit Interpol ?
— Je n’ai pas encore eu le temps de lire le message en détail, dit Martinsson. Mais si j’ai bien compris, son père a lancé un avis de recherche en novembre de l’année dernière. L’avis de recherche a été déposé dans une ville qui s’appelle Santiago.
— Mais c’est au Chili, non ? l’interrompit Wallander, étonné.
— Cette ville-là s’appelle Santiago-de-los-Treinta-Caballeros, dit Martinsson. Il n’y a pas de carte du monde quelque part ?
— Si, dit Svedberg en sortant.
Il revint quelques minutes plus tard, secouant négativement la tête.
— Ça devait être la carte personnelle de Björk. Je ne la trouve pas.
— Téléphone, réveille le libraire. Il me faut une carte.
— Mais il n’est même pas six heures du matin, et en plus c’est le matin de la Saint Jean !
— Ça ne change rien. Appelle-le. Et envoie une voiture pour récupérer la carte.
Wallander sortit un billet de cent couronnes de son portefeuille et le donna à Svedberg qui s’éclipsa. Quelques minutes plus tard, il avait tiré le libraire de son sommeil et la voiture était partie chercher la carte.
Après avoir pris un café, ils se rendirent dans la salle de réunion et fermèrent la porte derrière eux. Hansson avait donné comme consigne de ne pas les déranger pendant une heure, sauf si c’était Nyberg. Wallander embrassa du regard les visages gris et épuisés rassemblés autour de la table et se demanda, gêné, de quoi il avait l’air lui-même.
— Nous reviendrons plus tard à la fille du champ de colza. Pour le moment, concentrons-nous sur les événements de cette nuit. Nous pouvons d’ores et déjà établir que l’homme qui a tué Gustaf Wetterstedt a frappé à nouveau. La méthode est la même, même si Carlman a été cogné à la tête et que Wetterstedt a eu le dos fendu. Mais ils ont tous les deux été scalpés.
— Je n’ai jamais rien vu d’équivalent, dit Svedberg. Celui qui a fait ça doit être totalement bestial.
Wallander leva la main pour l’interrompre.
— Laisse-moi finir. Nous savons aussi qu’Arne Carlman était marchand d’art. Et voici ce que j’ai appris hier.
Wallander rendit compte de sa conversation avec Lars Magnusson à propos des rumeurs qui avaient couru sur Gustaf Wetterstedt.
— En d’autres termes, nous avons un lien possible, conclut-il. Le lien, le mot clé, c’est l’art, le vol et recel d’œuvres d’art. Et si nous trouvons ce qui les lie entre eux, peut-être trouverons-nous le meurtrier.
Il y eut un silence. Tous semblaient méditer ce que Wallander venait de dire.
— Enfin, nous savons sur quoi concentrer notre enquête, poursuivit Wallander. Chercher le point commun entre Wetterstedt et Carlman. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas un autre problème.
Il regarda ses collègues : ils avaient compris ce à quoi il faisait allusion.
— Cet homme peut frapper à nouveau. Nous ne savons pas pourquoi il a tué Wetterstedt et Carlman. Nous ne savons donc pas non plus s’il en veut à d’autres personnes. Nous ignorons qui il peut bien être. Nous pouvons simplement espérer que ceux qui sont menacés en soient conscients.
— Il y a encore autre chose que nous ignorons, dit Martinsson. Ce type, est-il fou ou pas ? Nous ne savons pas si le mobile est la vengeance. Nous ne savons même pas si le meurtrier s’est fabriqué des motivations qui n’ont aucun fondement dans la réalité. Personne ne peut prévoir ce qui se passe dans un cerveau dérangé.
— Oui, tu as raison, répondit Wallander. Beaucoup de facteurs d’incertitude sont à prendre en compte.
— Ce que nous avons vu n’est peut-être qu’un début, dit Hansson d’un air sombre. Et si nous avions un tueur en série sur les bras ?
— Cela peut être aussi grave que ça, répondit Wallander d’une voix ferme. Pour cette raison, il faut à mon avis demander immédiatement une aide extérieure. Particulièrement au service de psychiatrie criminelle de Stockholm. Le comportement de cet homme est si particulier, du fait qu’il scalpe ses victimes, qu’ils pourront peut-être nous établir un profil psychologique du meurtrier.
— Ce meurtrier a-t-il déjà tué auparavant ? demanda Svedberg. Ou ne se lance-t-il que maintenant ?
— Je ne sais pas, répondit Wallander. Mais il est prudent. J’ai l’impression qu’il prévoit ses actes en détail. Au moment de frapper, il n’hésite pas un seul instant. Il peut y avoir au moins deux raisons à ça. La première est qu’il ne veut pas être pris. La seconde est qu’il ne veut pas être interrompu avant d’avoir fini ce qu’il s’est fixé.
Les derniers mots de Wallander déclenchèrent dégoût et malaise dans la pièce.
— Voilà notre point de départ, conclut-il. Quel est le point commun entre Wetterstedt et Carlman ? Où leurs trajectoires se rejoignent-elles ? Voilà ce qu’il va falloir tirer au clair. Le plus vite possible.
— Ça va devenir impossible de travailler en paix, dit Hansson. Les journalistes vont nous tourner autour comme des mouches. Ils savent que Carlman a été scalpé. Ils ont la nouvelle qu’ils attendaient. Pour une raison que j’ignore, tous les Suédois adorent lire des histoires de violence quand ils sont en vacances.
— Ce n’est pas si mauvais, dit Wallander. En tout cas, ça peut alerter ceux qui auraient une raison de craindre d’être sur la liste du meurtrier.
— Avant tout, nous avons besoin de renseignements, dit Ann-Britt. En supposant que, comme tu le dis, le meurtrier suive une liste qu’il a établie, il y a des gens qui se sentent menacés, et donc il y a forcément quelqu’un qui sait, ou du moins soupçonne, qui peut être le meurtrier.
— Tu as raison, dit Wallander, se tournant vers Hansson. Convoque une conférence de presse dans les plus brefs délais. Nous allons dire exactement ce que nous savons. Que nous cherchons un même meurtrier pour les deux crimes. Et que nous avons besoin de tous les renseignements possibles.
Svedberg se leva pour ouvrir une fenêtre. Martinsson bâilla très fort.
— Nous sommes tous fatigués, dit Wallander. Pourtant, il faut continuer. Essayez de dormir quand vous en aurez la possibilité.
On frappa à la porte. Un policier déposa une carte. Ils l’étalèrent sur la table et cherchèrent la République dominicaine et la ville de Santiago.
— Il va falloir attendre pour cette fille, dit Wallander. On ne peut pas s’occuper d’elle tout de suite.
— En tout cas, j’envoie une réponse, dit Martinsson. Et nous pouvons toujours demander des précisions sur sa disparition.
— Je me demande comment elle a atterri ici, marmonna Wallander.
— Le message d’Interpol indique qu’elle avait dix-sept ans, dit Martinsson. Et qu’elle mesurait un mètre soixante.
— Renvoie une description de la médaille, dit Wallander. Si son père l’identifie, l’affaire est réglée.
À sept heures deux, ils sortirent de la salle de réunion. Martinsson rentra chez lui pour discuter avec sa famille et annuler son voyage à Bornholm. Svedberg descendit au sous-sol prendre une douche. Hansson disparut au bout du couloir pour organiser la conférence de presse. Wallander accompagna Ann-Britt Höglund à son bureau.
— On va l’attraper ? demanda-t-elle gravement.
— Je ne sais pas, répondit Wallander. Nous avons une piste qui a l’air de tenir le coup. Nous pouvons exclure que c’est le genre de meurtrier qui tue celui qui se trouve sur son chemin. Il est à la recherche de quelque chose. Les scalps sont ses trophées.
Elle s’était assise dans son fauteuil, tandis que Wallander s’appuyait contre l’encadrement de la porte.
— Pourquoi prend-on des trophées ? demanda-t-elle.
— Pour pouvoir s’en glorifier.
— Tout seul ou devant les autres ?
— Les deux.
Il comprit soudain le sens de sa question.
— Tu penses qu’il aurait pris ces scalps pour les montrer à quelqu’un ?
— En tout cas, on ne peut pas l’exclure.
— Non, dit Wallander. On ne peut pas l’exclure. Ni ça ni autre chose.
Il allait sortir du bureau quand il se ravisa.
— Tu téléphones à Stockholm ? demanda-t-il.
— C’est la Saint-Jean aujourd’hui. Ça m’étonnerait qu’il y ait une permanence.
— Alors il va falloir déranger quelqu’un chez lui. Nous ne savons absolument pas s’il va frapper à nouveau ou non, et il n’y a pas de temps à perdre.
Wallander regagna son bureau et s’affala dans le fauteuil destiné aux visiteurs. Un des pieds du siège grinçait de manière inquiétante. Il avait la migraine. Il pencha la tête en arrière et ferma les yeux. Il s’endormit rapidement.
Il se réveilla en sursaut quand quelqu’un entra dans son bureau. Jetant un œil sur sa montre, il constata qu’il avait dormi presque une heure. Sa migraine persistait. Pourtant, il lui semblait que sa fatigue s’était légèrement dissipée.
C’était Nyberg, les yeux injectés de sang et les cheveux ébouriffés.
— Je ne voulais pas te réveiller, s’excusa-t-il.
— Je me suis juste assoupi, répondit Wallander. Tu as des nouvelles ?
Nyberg secoua négativement la tête.
— Pas grand-chose. Celui qui a tué Carlman a forcément eu du sang sur ses vêtements, c’est tout ce que je peux dire. En anticipant sur l’examen de médecine légale, je peux confirmer que le coup est venu exactement par-devant. Celui qui tenait la hache devait donc être très près.
— Tu es sûr que c’était une hache ?
— Je ne suis sûr de rien. C’était peut-être un gros sabre. Ou autre chose. Mais son crâne avait bien l’air fendu comme une bûche.
Wallander se sentit tout de suite mal.
— Ça suffit. Le coupable a donc eu du sang sur ses vêtements. Il se peut que quelqu’un l’ait vu. En plus, ça exclut les invités de la fête. Aucun d’entre eux n’avait de sang sur ses vêtements.
— Nous avons cherché le long de la haie, poursuivit Nyberg. Puis le long du champ de colza, jusqu’en haut de cette colline. Le paysan à qui appartient le champ est venu me demander s’il pouvait récolter le colza. Je lui ai dit oui.
— Tu as bien fait, dit Wallander. Ce n’est pas un peu tard cette année ?
— Il me semble, dit Nyberg. C’est déjà la Saint-Jean.
— Et la colline ?
— Quelqu’un y a été. L’herbe a été piétinée. Quelqu’un s’est assis à un endroit. Nous avons pris des échantillons d’herbe et de terre.
— Rien de plus ?
— Je doute que le vieux vélo présente un intérêt pour nous.
— Le chien policier a perdu la piste. Pourquoi ?
— Demande plutôt au maître-chien, répondit Nyberg. Mais il est possible qu’une substance étrangère soit d’un seul coup si forte que le chien perde l’odeur qu’il a suivie auparavant. Il y a maintes raisons pour qu’une piste disparaisse sans explication.
Wallander réfléchit à ce que Nyberg venait de dire.
— Rentre chez toi et dors. Tu as l’air complètement épuisé.
— En effet.
Une fois Nyberg parti, Wallander passa au réfectoire pour se faire un sandwich. La réceptionniste lui apporta une pile de messages. Il les feuilleta : les journalistes avaient appelé. Il songea un instant à rentrer chez lui et à se changer. Mais il se ravisa. Il frappa à la porte de Hansson et le prévint qu’il allait à la ferme de Carlman.
— Nous parlerons à la presse à treize heures, dit Hansson.
— Je serai revenu. Sauf s’il se passe quelque chose de particulier, je ne veux pas qu’on vienne me chercher là-bas. J’ai besoin de réfléchir.
— Et tout le monde a besoin de dormir. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’on vivrait un enfer pareil.
— Ça vient toujours quand on s’y attend le moins.
Wallander partit pour Bjäresjö dans cette radieuse matinée d’été, et roula vitre baissée. Il se dit qu’il devrait passer voir son père aujourd’hui. Il fallait aussi qu’il appelle Linda. Demain, Baiba serait rentrée de son voyage à Tallinn, elle serait de retour à Riga. Dans moins de quinze jours, ce serait le début des vacances.
Il gara sa voiture devant les barrières qui interdisaient l’accès à la grande propriété de Carlman. De petits groupes de curieux s’étaient rassemblés sur la route. Wallander salua d’un hochement de tête le policier qui surveillait les barrières. Puis il fit le tour du grand jardin et suivit le chemin jusqu’en haut de la colline. Il s’arrêta à l’endroit où le chien avait perdu la trace et regarda autour de lui. Il a bien choisi son emplacement. D’ici on voit tout ce qui se passe dans le jardin. Il a dû aussi entendre la musique qui venait de la grange. Tard dans la soirée, il commence à y avoir moins de monde dehors. Tous les invités sont unanimes pour dire que tout le monde est rentré à l’intérieur. Vers onze heures et demie, Carlman vient avec Madeleine Rhedin sous la tonnelle. Qu’est-ce que tu fais à ce moment-là ?
Wallander ne répondit même pas à la question qu’il s’était posée en silence. Il se retourna pour observer le versant de la colline. En bas, on voyait des traces de tracteur. Il descendit jusqu’au chemin. D’un côté les traces de tracteur menaient à un bosquet, de l’autre à une bifurcation qui rejoignait la route principale de Malmö à Ystad. Wallander suivit les traces de tracteur jusqu’au bosquet. Il se retrouva à l’ombre de grands hêtres. Le soleil perçait à travers les feuilles. On sentait l’odeur de la terre. Les traces de tracteur s’interrompaient devant une zone de coupe où quelques troncs ébranchés et récemment coupés attendaient d’être emportés. Wallander chercha en vain un sentier. Il essaya de se représenter la carte routière. Celui qui voudrait atteindre la route principale en partant de ce bosquet ne pouvait éviter de passer devant deux maisons d’habitation et plusieurs champs. Il estima à deux kilomètres la distance jusqu’à la route principale. Puis il revint sur ses pas et prit le chemin dans l’autre direction. En comptant ses enjambées, il calcula que l’endroit où la bifurcation rejoignait la E 65 était à moins d’un kilomètre de la colline. La bifurcation était pleine de tracés de voitures. Sur le côté de la route se trouvait un baraquement de cantonnier. La porte était fermée à clé. Il regarda tout autour de lui. Puis il alla à l’arrière. Il y avait une bâche repliée et deux tuyaux. Il allait s’éloigner quand son regard fut attiré par quelque chose par terre. Il se pencha : c’était un morceau de sac en papier marron. Le papier était couvert de taches brunes. Il le prit avec précaution entre le pouce et l’index et le tint devant ses yeux. Il n’arrivait pas à déterminer quel genre de taches c’était. Il reposa délicatement le morceau de papier par terre. Puis il inspecta avec soin tout le secteur derrière le baraquement. Ce n’est que quand il regarda en dessous de la cabane qui reposait sur quatre blocs de béton qu’il trouva le reste du sac. Il n’y avait pas de taches dessus. Il réfléchit un instant sans bouger. Puis il reposa le sac en papier et appela le commissariat. Il eut Martinsson.
— J’ai besoin d’Eskilsson et de son chien.
— Tu es où ? Il s’est passé quelque chose ?
— Je suis à l’extérieur de la ferme de Carlman. Je veux simplement procéder à une vérification.
Martinsson promit d’appeler Eskilsson. Wallander lui expliqua où il se trouvait.
Une demi-heure plus tard, Eskilsson arriva avec son chien.
— Va sur la colline où le chien a perdu la trace. Puis reviens ici.
Eskilsson s’éclipsa. Dix minutes plus tard, il était de retour. Wallander vit que le chien avait cessé de chercher. Mais en arrivant devant le baraquement, il se mit à réagir. Eskilsson jeta un regard interrogateur à Wallander.
— Lâche-le, dit Wallander.
Le chien se dirigea droit sur le morceau de papier et se mit à l’arrêt. Mais quand Eskilsson tenta de le faire continuer, il abandonna rapidement. La trace s’interrompait à nouveau.
— C’est du sang ? demanda Eskilsson en montrant le morceau de papier.
— Je crois, dit Wallander. En tout cas, nous avons trouvé quelque chose en rapport avec l’homme qui était en haut de la colline.
Eskilsson et son chien partirent. Wallander allait appeler Nyberg quand il découvrit qu’il avait un sac plastique dans la poche. Il se souvint de l’avoir pris quand ils avaient inspecté la villa de Wetterstedt. Il y glissa avec précaution le morceau de papier déchiré. Tu n’as pas dû mettre beaucoup de temps pour venir du jardin de Carlman jusqu’ici. Il devait y avoir un vélo ici. Tu t’es changé, puisque tu étais copieusement arrosé de sang. Mais tu as aussi essuyé un objet. Peut-être un couteau ou une hache. Puis tu es parti, vers Malmö ou vers Ystad. Tu as probablement traversé la route principale pour prendre une de ces petites routes qui sillonnent ce paysage. Jusque-là, je te suis, pour le moment. Mais pas plus loin.
Wallander retourna à la ferme de Carlman chercher sa voiture. Il demanda au policier qui surveillait les barrières si la famille était toujours là.
— Je ne les ai pas vus. Mais personne n’a quitté la maison.
Wallander hocha la tête et se dirigea vers sa voiture. Il y avait beaucoup de curieux devant les barrières. Wallander leur jeta un regard, s’étonnant de ce que des gens puissent sacrifier un matin d’été au plaisir de flairer un peu de sang.
Ce n’est qu’après avoir démarré qu’il se dit qu’il avait remarqué quelque chose d’important sans réagir. Il ralentit et essaya de s’en souvenir.
Cela avait un rapport avec les gens qui se tenaient derrière les barrières. Qu’est-ce qu’il s’était dit ? À propos de gens qui sacrifiaient un dimanche matin pour venir flairer du sang ?
Il freina et fit demi-tour. Quand il parvint de nouveau devant la maison de Carlman, il y avait toujours des curieux derrière les barrières. Wallander regarda autour de lui sans trouver d’explication à sa réaction. Il demanda au policier si des badauds venaient de partir.
— Peut-être. Il y a tout le temps des gens qui vont et qui viennent.
— Personne dont tu te souviens spécialement ?
Le policier réfléchit.
— Non.
Wallander retourna à sa voiture.
Il était neuf heures dix, le matin de la Saint-Jean.